Haiti, Mon pays en un clin d’œil 2

j’espère que le Journal Le Nouvelliste ni Monsieur Dorelien ne m’en tiendront rigueur pour avoir utilisé l’article suivant que je penses mérite de faire un chemin chez mes lecteurs.

C’est très intéressant ce sentiment d’attachement qu’à évoqué Monsieur  Dorelien.

Étant donné que l’homme n’est pas un arbre qui doit rester collé à une portion de terre pendant toute sa vie, le détachement est le remède pour guérir le vice qu’est l’attachement.

Certes il y a des livres comme la Bible qui son pluridimensionnel qu’on a besoin pour faire un long parcours sur le chemin de la vie. D’autres nous servaient seulement de marches d’escaliers pour nous permettre de gravir les échelons.

 

LISEZ  » Sauve qui peut», mon seul rempart « 

Publié le 2019-02-22 | Le Nouvelliste, de Gaspard Dorélien…

Je suis ou j’étais un optimiste. Je suis ou j’étais un battant. Les deux dernières semaines, vécues chez moi en Haïti, m’ont apporté de douloureuses confirmations: j’ai perdu ma foi dans ce pays; je n’ai plus la force de l’Hercule que j’étais. Je pense désormais et fortement à la formule individuelle du “sauve qui peut”. Je rends les armes. Je ne ferai plus de cette terre mon terrain de bataille. Je me sauverai aussi tôt que je pourrai.

Je suis un passionné d’Haïti. Malgré tout. Même si c’est ici que j’ai été le plus victime d’actes discriminatoires à cause de ma peau d’ébène. J’adore ce coin de terre, même si les choses les plus absurdes s’y passent. Je ne me suis jamais imaginé vivre ailleurs qu’ici. J’ai l’esprit aventurier, j’ai toujours rêvé de voyager partout dans le monde, d’en faire le tour. Mais tout me ramenait à ce pays. Toujours.

Haïti, mon amour de toujours

Je me sens toujours trop étranger ailleurs. J’ai vécu une fois quatre mois aux États-Unis, tous mes rêves (et je rêve tous les soirs) portaient les couleurs, les odeurs et la chaleur d’Haïti. Mais depuis peu, je n’envisage qu’une chose: fuir à tout prix ce pays qui m’a tout donné et à qui je voulais tant donner. Je me suis vu interdire de rêver ici. Interdire de faire des plans, même sur un trimestre. Jamais l’incertitude du lendemain ne m’a autant assailli. À chaque élan de foi d’un lendemain, même juste vivable, les cortèges de crises construites par ce collectif désuni arrivent et enchaînent le tout.

J’ai peur que des frustrations légitimes carbonisent tous les fruits de mes nuits sans sommeil.

Je vis avec la peur au ventre de ne plus pouvoir revenir du marché ou du supermarché même avec un petit sachet de provisions.

Je crains trop de ne plus pouvoir payer la boîte de lait en poudre pour mon fils de trois ans.

Et j’ai peur de penser à ces millions de frères et sœurs haïtiens à qui il est interdit de manger à leur faim, même une fois par jour.

J’ai en horreur le cynisme des politiciens, parlementaires et autres grands manitous de l’État qui ne jettent même pas les miettes de leurs récoltes gargantuesques à la population déshéritée.

Je frissonne devant l’égoïsme sans nom des grands possédants étrangers, devenus haïtiens, qui n’investissent même pas le minimum dans la reproduction du système sur lequel ils ont bâti toutes leurs richesses.

Je tremble à l’idée de tomber malade ici. Je suis tétanisé par la seule pensée que mon fils tombe malade, un soir.

Depuis peu, j’ai même peur de respirer trop profondément, par crainte de prendre tout l’oxygène qui reste pour nous tous ici. Depuis peu, pour la première fois, du haut de mes 40 ans, j’envisage mon avenir, le demain de ma famille, ailleurs qu’ici.,

Pourtant, que de rêves n’ai-je pas vu se révéler dans le glaive du réel en Haïti. Je viens de loin. De très loin.

Rêves

À l’orée de mes 18 ans, je possédais, pendant un certain temps, une seule paire de chaussettes, deux caleçons, une seule paire de chaussures et deux pantalons. L’un d’eux était mon uniforme d’école. Mais j’avais une foi ferme qu’un jour je possèderai autant de chaussettes, de caleçons, de pantalons, de chaussures… que de jours que renferme un mois. Je n’ai jamais eu peur d’essayer. Je n’ai jamais connu de faiblesses face aux durs travaux que je devais accomplir. Avant mes 30 ans, je n’avais plus connu le stress de la paire de chaussettes que je devais faire laver deux à trois fois par semaine ni aucune autre préoccupation liée au vêtir.

On ne m’a jamais fait de cadeau ni accordé de faveur. Jamais. Je reconnais avoir reçu des offres d’opportunité de certaines personnes bienveillantes. Mais, sans avoir la grosse tête, ces “bienfaiteurs” étaient déjà convaincus du pouvoir de savoir-faire qui transpirait de mon petit être.

La foi, le courage de travailler et l’absence de la peur de prendre des risques m’ont permis de réaliser un rêve qui ne devrait normalement pas en être un: ne plus penser à ce que je vais, demain, me remettre sur le dos si je dois sortir.

Rêve à deux roues

Quand j’étais en classe primaire, presque tous les jours, je faisais le parcours, partant des deux pièces de mes parents à  Thor 73, jusqu’à Côte-Plage 24 au collège Catherine Flon, à vélo. Mais cette bicyclette, que je n’ai jamais possédée, était dans ma tête. Au retour de l’école aussi je chevauchais cette bécane imaginaire. Il m’arrivait même de simuler les gestes d’un conducteur. Mon père avait une bicyclette. Mais jamais je n’ai eu l’heureux privilège de pédaler jusqu’à l’école avec. Mes parents étaient trop prudents pour me laisser gambader sur la route de Carrefour sur un vélo. C’est l’un des premiers rêves que je n’ai pas pu concrétiser. Mais je ne me suis pas arrêté là. Au contraire.

Mes quatre roues

En secondaire, je conduisais tous les jours une voiture pour me rendre à l’école. Une petite Suzuki tout-terrain à deux portes, précisément. Je m’énervais dans les embouteillages. J’avais tout le temps la main sur le klaxon, car j’étais souvent en retard pour la rentrée des classes de 7h. J’étais devenu un as du klaxon. Au retour, j’étais toujours enchanté de prendre avec moi mes meilleurs amis et camarades pour les déposer chez eux. J’adorais mon véhicule. J’aimais être à l’intérieur. J’étais fou de l’odeur du cuir. J’aimais beaucoup regarder mes deux mains posées sur le volant. Cela me procurait une sensation de bien-être extraordinaire. C’était aussi pour moi un objet concret de réussite. J’ai terminé mes études secondaires en 1998. De janvier 1991 (l’école n’a pu ouvrir ses portes en Haïti qu’en janvier à cause du coup d’État du général Cédras et compagnie contre le président Jean-Bertrand Aristide) à juin 1998, j’ai conduit tous les jours une voiture pour aller et revenir de l’école. Mais dans ma tête. C’était un autre rêve encore moins réalisable que le précédent. Il aurait fallu un VÉRITABLE miracle pour cela. Et des miracles de ce genre-là, il n’y en a jamais eu dans ma vie. Jusqu’à aujourd’hui. M’acheter une voiture, c’était à des années lumières des pouvoirs économiques de mon père et de ma mère, réunis. Et je n’avais aucun autre parent, ami, connaissance… en Haïti ou à l’étranger qui pouvait m’offrir une voiture, même d’occasion. C’était encore un rêve que je n’ai pas pu réaliser. Mais dans ma tête, même avec les yeux grands ouverts, je me voyais posséder une voiture.

2 commentaires

  1. L’histoire de monsieur Dorélien reflète à quelque niveaux que ce soit l’histoire de chaque Haïtien qui s’était battu pour concrétiser ses rêves malgré les viscissitudes de l’existence dans un pays à la voie dure comme Haïti. Quand le temps est dur les durs entre en action pour se prouver là où les autres se bousculent afin de prendre leur recul au lieu de continuer à se battre pour changer favorablement la donne.
    Il est parfois nécessaire de changer de sphère toute en restant fidèle à sa terre en paroles et en actions qui la régénère. La nostalgie est pour la plupart du temps le fruit récolté par les déserteurs ayant peur de la douleur que requiert le bonheur d’avoir osé d’assumer ses parts de responsabilité dans la lutte pour sauver sa communauté. Le sens de cette lutte va plus loin que la réussite individuelle, il embrasse une prédisposition aux pires sacrifices à consentir par chacun pour se faire une image commune de grands gagnants à titre de peuple. Parler de ses déboires individuel n’a de valeurs que s’ils embrassent la cause commune. Car, à quoi cela servira de réaliser ses rêves individuels les plus beaux dans un enfer à ciel ouvert? Un américain pauvre se trouve en de meilleures posture en terre étrangère qu’un riche en provenance d’un pays pauvre. Quand la force de cohésion sociale est trop faible, tous les éléments de l’ensemble risque de subir les effets de la dislocation. Et l’inverse est aussi vrai. En un clin d’oeil, Haïti est son histoire, l’idéal cosmopolite de ses fondateurs, la richesse de son paysage, la résilience du peuple qui refuse de cesser de croire que le changement est possible…..
    Nous sommes il est vrai à un tournant difficile de nos vecus communs. Les defits sont de taille. Toutes les méthodes sont bonnes pour tenter le changement souhaité, il suffit qu’elles ne soient pas incluses dans le retrait du champs de bataille. Nous avons une belle patrimoine historique à sauvegarder et aussi une identité de peuple à renforcer. Aucun autre endroit ne pourra nous offrir mieux en ce sens. Fuyons pour mieux revenir en forces avec de nouvelles ressources et de nouvelles expériences, mais n’abandonnons jamais peu importe la gravité de la dure réalité actuelle. Car disons nous que c’est notre responsabilité à nous et nous devons l’assumer tôt ou tard. Merci mon ami pour ta contribution.

  2. A moi de te remercier pour avoir apporter ton grain de sel dans cette nourriture sans saveur que nous avons tous à goûter d’abord pour voir comment l’agrémenter par nos efforts individuels , certes , mais qui en fin de compte devra servir à la communauté.

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